Une levée de fonds, c’est un mode de financement d’entreprise en croissance. D’un côté, la société augmente son capital social et offre des parts ou actions à de nouveaux investisseurs. Et de l’autre, les nouveaux investisseurs apportent des fonds à l’entreprise. Un seul objectif commun : augmenter les performances de l’entreprise à moyen ou long terme.
La levée de fonds est un mode de financement dilutif. En effet, les fondateurs de l’entreprise voient de nouveaux associés s’asseoir à la table du conseil d’administration. Le capital de la société est dilué : vous n’êtes plus les seuls propriétaires. Ce qui impacte votre autonomie et vos responsabilités.
Le principal avantage de la levée de fonds, c’est de pouvoir accélérer très rapidement. Car une fois que votre innovation est sur le marché, que vous prouvez qu’il y a de la traction, il faut aller vite. Et les fonds apportés par les fondateurs et les banques ne sont pas toujours suffisants pour passer à l’échelle. Voilà pourquoi lever des fonds est une décision souvent prise par les fondateurs d’une entreprise en croissance.
Les levées de fonds jalonnent les différentes étapes du cycle de vie de l’entreprise. De l’idée, à la pénétration de marché, au passage à l’échelle, jusqu’à l’internationalisation et/ou la croissance externe. Dans cet article, nous nous focalisons sur les premières levées de fonds, appelées pre-seed, seed, et série A.
1 - Quelles sont les étapes pour lever des fonds ?
Comme vous allez le voir, la préparation d’une levée de fonds demande de suivre plusieurs étapes. De l’estimation du montant à lever, jusqu’au closing.
1.1 - Estimez le besoin de financement
Lever des fonds, d’accord… Mais, combien ? C’est la première question à vous poser. Imaginez une start-up qui parvient à lever des fonds au bout de plusieurs semaines de travail, et se rend compte par la suite que l’argent dont elle dispose n’est pas suffisant pour développer son chiffre d’affaires. C’est la boulette. Certes, les fondateurs pourront faire une nouvelle levée…
Aussi, si vous visez une levée de fonds trop importante, vous aurez sûrement du mal à trouver des investisseurs pour vous suivre. En effet, les fonds d’investissement et les business angels ont l’habitude d’analyser des projets d’entreprise en croissance. Si les sommes demandées sont largement supérieures au projet, ils le verront vite.
Alors, comment estimer le besoin de financement ? Il vous faut construire un prévisionnel d’activité. Les étapes sont les suivantes :
- Estimez vos ventes sur les prochains mois.
- En face de ces ventes : quelles sont vos charges variables ? Ces coûts se calculent en pourcentage du chiffre d’affaires. Par exemple, le support client = 5% du CA. Attention à bien évaluer vos prévisions de recrutements et votre coût d’acquisition de nouveaux clients, qui représentent des postes de charges très importants.
- Quels sont vos coûts fixes ? Loyers, outils, assurances : toutes les charges qui ne sont pas directement reliées au montant de votre chiffre d’affaires.
- Quels sont vos cash flows (flux de trésorerie) ? À partir des 3 premières étapes, vous pouvez estimer vos flux financiers entrants et sortants durant les prochains mois. Vous pouvez bien sûr faire plusieurs scénarios. Attention à tenir compte de l’impact de la TVA et du remboursement des emprunts, qui ne sont pas pris en compte dans les 3 premières étapes.
Cette première étape vous permet de chiffrer votre besoin de financement et de savoir l’expliquer à vos investisseurs potentiels. Tous ces chiffres seront repris dans votre business plan (nous en parlons plus bas).
1.2 - Valorisez votre entreprise ou votre projet
Place à la valorisation de votre projet (si l’entreprise n’est pas encore créée) ou de votre entreprise. Cette valeur détermine l’importance de la prise de participation des investisseurs. C’est donc une étape cruciale.
Les méthodes d’évaluation traditionnelles ne s’appliquent pas toujours bien aux entreprises innovantes (start-up). Aussi, face à la multitude des méthodes de valorisation, vous aurez du mal à estimer la valeur de votre entreprise à l’instant t.
Or, si la valorisation est trop élevée, les investisseurs chevronnés n’entreront pas au capital. Et si la valorisation est trop faible, vous subirez une dilution trop importante.
La solution la plus simple est donc de faire appel à un cabinet expert en évaluation d’entreprise.
1.3 - Le Business Plan (Plan d’affaires)
Le business plan est un document qui présente les projections d’évolution de votre entreprise sur plusieurs années (3 ans en général). Son objectif est de convaincre les investisseurs du potentiel de votre projet. Il vous servira également de feuille de route pour les prochaines années.
Votre business plan est divisé en 2 parties :
- Une partie rédactionnelle qui présente le projet, l’équipe, le marché, l’offre, etc.
- Une partie financière, qui comporte les projections chiffrées (activité, investissement, financement et trésorerie).
Ces 2 parties se complètent dans un ensemble cohérent, clair et succinct. Le business plan ne doit pas être assommant (plus de 50 pages), mais il doit mettre en avant votre travail et votre sérieux.
Voici les parties indispensables à votre plan d’affaires :
Partie rédactionnelle :
- L’executive summary
- L’histoire de l’entreprise
- L’avantage compétitif
- L’équipe
- L’énoncé de la mission
- L’audience cible
- Les buyer personas
- L’offre et le modèle d’affaires
- La stratégie marketing et commerciale
Partie financière :
- La structure juridique
- Les projections financières
- Les objectifs et le plan d’action
Les projections financières comprennent les tableaux suivants :
- Le bilan prévisionnel
- Le compte de résultat prévisionnel
- Le plan de trésorerie prévisionnel
- Le plan de financement prévisionnel
Comme vous le voyez, le business plan demande beaucoup de travail en amont. Il pourra être ajusté par la suite, pour piloter votre activité. C’est donc un document qui vous servira pendant de nombreuses années.
1.4 - Construisez votre Pitch Deck
Le pitch deck est le document qui vous aidera à convaincre les investisseurs lors d’une présentation. Beaucoup plus court, visuel et percutant que le business plan, le pitch deck doit être facile à comprendre, quelle que soit la complexité technique de votre projet.
Les slides qui composent votre pitch sont les suivantes :
- La couverture
- Le sommaire
- Le problème
- Votre solution
- Le produit
- Le marché
- Le business model
- L’avantage concurrentiel
- L’équipe
- Le plan de marketing
- La feuille de route
💡Ressource utile : l’article 15 Best Pitch Deck Examples from Successful Startups met à disposition des pitch decks célèbres (Airbnb, Uber, Facebook, Tesla, YouTube, etc.). Une belle source d’inspiration !
1.5 - La recherche d’investisseurs
Lorsque tout votre argumentaire est prêt, vous pouvez démarrer votre recherche d’investisseurs. Pour être efficace, ciblez les investisseurs à solliciter. Certains s’intéressent particulièrement à un secteur d’activité (finance, food, tourisme, deep tech, etc.) ou à une étape du cycle de vie du projet (pre-seed, seed, série A ou au-delà). En général, les investisseurs expliquent leur procédure pour postuler via leur site internet.
Petit hack, vous pouvez écouter des podcasts où l’investisseur que vous ciblez est interviewé. Cela vous donnera des informations précieuses pour le contacter et/ou mieux cibler votre demande.
Aussi, vous connaissez peut-être dans votre entourage des personnes en lien avec des fonds d’investissement ou des business angels. C’est le moment de faire jouer votre réseau et de demander une mise en relation.
1.6 - La présentation
Vous avez obtenu un rendez-vous pour pitcher votre projet ? Félicitations !
Vous devez maintenant préparer votre présentation. Car les investisseurs voient passer des dizaines de projets chaque année. Alors, comment être remarquable ?
La présentation est un exercice d’éloquence et de vente. Ce n’est pas une corvée, un spectacle, ou la présentation des comptes annuels à l’assemblée générale. Voici quelques conseils :
- Soyez clair sur votre proposition de valeur : l’investisseur – ou n’importe qui d’autre – doit absolument comprendre votre offre, votre modèle d’affaires et vos objectifs.
- Prévoyez une démonstration de votre produit ou service, même s’il s’agit encore d’un MVP ou d’une maquette.
- Soyez concis : chaque mot et minute compte. Ne cherchez pas à tout dire : allez à l’essentiel (d’où l’intérêt de bien travailler votre pitch deck en amont).
- Soyez précis et transparent pour inspirer confiance. Vos futurs investisseurs mettront d’importantes sommes d’argent sur la table. Vous ne pouvez pas les laisser penser que vous avez des choses à cacher, ou que vous ne souhaitez pas être transparent avec vos investisseurs.
- Soignez votre attitude : soyez fier et heureux de présenter votre projet. Mettez de la dynamique et de l’impact. Ça paraît simple dit comme cela. Mais ça fait vraiment la différence pour votre interlocuteur.
- Prêtez attention à votre débit de parole : les temps de silence, la tonalité, le rythme. Souvenez-vous que le non-verbal et le paraverbal sont plus remarquables que le verbal dans une conversation.
💡Ressource utile : Vous pouvez vous inspirer des épisodes du podcast Pitch Pong pour améliorer votre présentation, et de la chaîne YouTube de Victor Ferry (expert en rhétorique).
1.7 - Les négociations et le closing
Votre investisseur est OK pour participer à votre aventure entrepreneuriale ? Bravo ! Mais ce n’est pas encore terminé, tant que l’argent n’a pas été transféré sur le compte de l’entreprise et que les formalités juridiques n’ont pas été acceptées par tous.
Pour commencer, vous devez contractualiser les conditions de la prise de participation de l’investisseur : valorisation de l’entreprise, rôle des investisseurs, modalités de sortie du capital. Et ce n’est pas toujours simple, car les intérêts divergent. Vous souhaitez garder un maximum la main sur le capital de votre entreprise, car vous êtes à l’origine de l’idée et que vous êtes investi à 200% depuis les premières heures. Alors que les investisseurs veulent un maximum de parts pour peser sur les décisions et surtout, réaliser une belle plus-value lors de leur sortie.
C’est là qu’intervient la lettre d’intention (LOI : Letter Of Intent ou term sheet). Un document juridique ou vous précisez les aspects juridiques liés à :
- la modification des statuts de l’entreprise ;
- l’étendue des droits de vote de chacun ;
- le droit de regard des investisseurs sur la gestion de votre entreprise.
Préparez un prévisionnel canon, et levez des fonds auprès d’investisseurs
Comme vous le voyez, préparer une levée de fonds – qu’il s’agisse d’un pre-seed ou d’un nouveau tour de table – c’est énormément de travail. Et si vous n’aimez pas la finance, ça devient vite effrayant. Chez EARN, nous accompagnons les entrepreneurs dans leurs projets ambitieux.
Nous vous aidons à construire un business plan réaliste et mémorable, pour mettre toutes les chances de votre côté lors de votre levée de fonds.
Pour finir, notez qu’il n’y a pas que la levée de fonds dans la vie. Ce mode de financement trouve sa place dans une stratégie de financement plus large. Par exemple, il peut être judicieux de la compléter avec un prêt bancaire et/ou l’apport en compte courant d’associé, pour limiter la dilution de votre capital. Et pour votre besoin en fonds de roulement, des solutions comme l’affacturage et l’escompte pourraient vous intéresser. Pour en savoir plus, découvrez notre article Quels sont les meilleurs modes de financement de la croissance d’entreprise ?
Le choix des bons modes de financement peut tout changer dans la croissance de votre entreprise. Contactez un de nos experts pour en savoir plus et bénéficiez de nos meilleurs conseils.
